Nous sommes en 1973 quand la Cour Suprême des États-Unis, entièrement composée d’hommes, marquait à jamais l’histoire des droits des femmes Américaines en déclarant inconstitutionnelle la législation anti-avortement de l’État du Texas dans l’arrêt Roe v. Wade et en garantissant ainsi l’accès à l’IVG dans tout le pays.
Près de 50 ans plus tard, le combat pour les droits des femmes aux États-Unis pourrait prendre un tournant dramatique : la Cour Suprême s’apprêterait à annuler la jurisprudence Roe v. Wade, ce qui provoquerait de facto, le retour de la criminalisation de l’avortement dans de nombreux États conservateurs.
Aux États-Unis, comme en Europe, l’absence d’une loi fédérale ou communautaire de légalisation de l’IVG, rend ce droit bancal et l’assujettit aux changements de couleur politique. L’arrivée d’une droite ultraconservatrice au pouvoir sous Donald Trump a laissé place à une politique anti-avortement de la part des institutions et a mené au remplacement d’une juge libérale comme Ruth Bader Ginsburg par une juge anti-IVG à la Cour Suprême. Ce fut également le cas en Pologne où l’IVG a été autorisée dès 1956 – près de 20 ans avant la France – puis interdite en 2020 sous l’influence d’une droite extrême et identitaire. La France n’est pas à l’abri d’un retour en arrière. Nous nous souvenons de Marine Le Pen qui ne voulait plus rembourser les avortements «de confort» ou de Marion Maréchal-Le Pen qui souhaitait « dérembourser l’IVG pour responsabiliser les femmes », car, bien sûr, « ce n’est pas à l’Etat de réparer les inattentions des femmes » …
Dans cette actualité tragique pour les droits des femmes, nos pensées vont à nos sœurs Ukrainiennes. En effet, comme pour les menaces contre l’IVG, le viol comme arme de guerre reste, hélas, une triste réalité. Nous pensons à ces femmes refugiées, abusées qui, dans certains endroits de notre « moderne » Union européenne, se heurtent au refus de leur garantir un accès légal et gratuit à l’avortement.
Ce n’est pas celle-ci notre Europe. Notre Europe est celle de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Notre Europe est « Unie dans la diversité ». C’est pourquoi nous soutenons avec force la proposition du Président Emmanuel Macron d’actualiser la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, et d’y introduire le droit à l’avortement mais aussi de l’’inscrire dans la Constitution Française comme un droit inaliénable.
Les droits sexuels et reproductifs ne sont pas qu’une affaire de femmes. La défense de l’accès à un avortement libre, gratuit et sûr est l’affaire de tous. Il n’y aura pas de société égalitaire sans la garantie de l’accès aux droits sexuels et reproductifs pour toutes les femmes et pas uniquement pour une minorité de privilégiées qui auront toujours la possibilité de se déplacer là où l’avortement est légal. C’est notre combat et hélas, il est loin d’être dépassé.
Sylvie Ros-Rouart, Déléguée Nationale TDP Egalité F/H
Emmanuelle Wargon, Présidente du COnseil national, Ministre déléguée au Logement
Emilie CHalas, Vice-Présidente de Territoires de Progrès, Députée de l’Isère
Jean-Michel Mis, Député de la Loire
Michel Dagbert, Sénateur du Pas-de-Calais
Irène Tolleret, Députée Européenne
Et les membres du réseau des correspondants.es Egalité TDP :
Meric Carole, Marchix Denise, Collomb Marie, Casalino Françoise, M’Piayi Saliha,
Boiral Philippe, Lecheheb Khirdine, Laurent Sèverine, Altunas Inci, Burlet Claire,
Cerdan Carole.